dimanche 7 décembre 2008

RETOUR DE BRABANT

La Hennuyère est le nom de l'autoroute qui traverse le pays de Belgique de Bruxelles jusqu'à Lille, en-deçà de la frontière. Y défilent des paysages de grands espaces agricoles peu exploités, quelques collines par-ci, par-là, des fosses à purin et des lignes électriques à haute tension. On la parcourt comme on traverse une région rurale qui ne serait jamais sortie du XIXème siècle avec un bonheur fascinant.
Celui qui n'a jamais fait l'expérience de la tragédie dans le couple ne saurait mesurer le miracle de l'amour complet, absolu et réciproque. Celui là erre dans l'existence comme un cycliste sur son vélo à la recherche d'un col à grimper pour tester sa résistance à l'effort. Toute entreprise chimérique commence en bicyclette et s'achève dans un fossé bordé de sapins de noël.
Dans la capitale du Royaume, les chaines de restauration proposant des cafés aromatisés de différentes tailles que l'on peut agrémenter de glace ou de crème laitière remplacent peu à peu les bistrots à l'ancienne dans lesquels la bonne vieille cafetière fit figure de standard indépassable. Pour le plus grand bonheur de tous ceux qui aiment accompagner leur jus d'une pâtisserie croustillante au chocolat.

mercredi 1 octobre 2008

ORIFICE PRODIGE

Les Soviétiques ont posté leurs chars en lisière de forêt. Les Allemands étaient dans des trous. Les chars ont bombardé. Un obus a éclaté à douze mètres du lieutenant qui s’est retourné mais a pris la salade dans le dos. Sa joue droite a été disloquée. Ses dents ont valdingué. Des saletés pleines de cailloux ont fleuri des deux côtés de sa colonne vertébrale. Des orifices de chair bien nets avec des vaisseaux sanguins apparents ont germé. Ce fut comme un printemps spontané pour la blessure de guerre. Les omoplates du soldat étaient plein de pus. Ses copains sont arrivés en side-car pendant que l’un de ses camarades faisait diversion en feintant d’être un rouge pour suggérer aux chars d’arrêter de tirer sur les leurs. Ça a été un sacré coup de bluff.

La semaine d’après, des ronces de noyer ont commencé à pousser dans les interstices putréfiés du soldat blessé. Il alla se réfugier en Indonésie pour achever sa transformation végétale. Ainsi naquit l’homme-arbre qui dut écrire une lettre au gouvernement du pays pour argumenter son transfert dans une clinique de Virginie pour soigner ses vilaines protubérances. De la sève coulait dans ses veines. Une chaine de télévision scandinave expliqua qu’il s’agissait d’un phénomène très rare. La plante de ses pieds prenait racine dans le plancher de sa maison en bois. Il sentait le musc et avait dû arrêter de chasser le sanglier.


Un député suédois fit promulguer un alinéa important pour que cesse ce genre de dégénérescence. Là-bas, la nuit n’en finissait pas de ne pas arriver. Au Michigan, des randonneurs avaient fui dans un lac pour des raisons que de fins analystes se chargeront de juger similaires. On ne repêcha que leurs molaires. Cela provoqua une hantise bien compréhensible du côté de la population de ce coin rural. On mit des draps autour des chênes. Les figuiers poussaient délibérément fort autour de la méditerranée et des vieux pépés suaient sans arrêt même sans rien fabriquer de leurs journées. C’en devenait inquiétant. On trouva enfin la solution : des cendres de chipolatas carbonisées furent mises en orbite autour de la barrière de Saint-Gilles, et tout est rentré dans l’ordre.

mardi 30 septembre 2008

SEMINAIRE B

C’est comme se faire une entorse le premier jour d’après avoir entièrement récupéré d’une cheville cassée. Des nuages rouges reflètent dans le building d’à côté. Il sourit encore aujourd’hui. Je me retire en esquivant la fourbe attaque d’une colonne maligne. Il crochète le mille feuilles masqué. Je regrette le jeudi après-midi, sur la pelouse tondue ivre de soleil.

Nous allons à l’encontre des indications. Je conduis ma voiture sur des routes qui ne mènent nulle part dans des pays qui ne veulent rien dire. Je poursuis ma route jusqu’à ce que le jour se lève. Le jour se lève. Ça y est, il est là. Tu t’enfuis en gardant secret ta version du règlement. Je ne cours pas. Je suis là. Je ne bouge pas. Il faut revenir à moins de réalité et se sentir à nouveau inanimé par la volonté de détruire toute ambition dès les premières secondes de chaque apparition d’une réalité. Rien n’a jamais de véritable prise sur le cours des événements. Tes bras faibles ont depuis longtemps perdu le contrôle du vaisseau sans but. Tu erres comme deux pattes mécaniques télécommandées par une compagnie nationale de chemins électrifiés.

Je voudrais que les jours et les nuits défilent sans plus jamais s’arrêter, et contempler chaque instant comme s’il était le premier et le dernier. Nous procréons afin d’assurer la survie de l’espèce. Les loups déchirent l’aube de leurs hurlements en faveur de Sade. Sur la route de Gérone. Il est indispensable d’afficher une farouche envie de vaincre la gangrène du socialisme rampant chaque réunion de cadres dirigeants dans la salle de séminaire B.


Des vélos dévalent le boulevard en toute liberté sous les yeux de déséquilibrés éberlués forcés d’exagérer leur désappointement de circonstance pour convenir à l’image qu’ils se sont fabriqués d’eux-mêmes. Je vois mon corps sortir et hurler dans la bleu ciel matin, mais en réalité je ne sors que pour me recroqueviller et lutter contre la fraîcheur de l’aube tout en accompagnant mentalement les trajectoires dessinées du cinquième étage par quelques passants pressés. La lente érection d’un samedi gorgé de soleil s’opère sous nos yeux désespérément louches.

mardi 24 juin 2008

LES COSMONAUTES JOUENT EN 2-5-3

La seconde période de la prolongation des Russes en quart de finale est l’apogée du jeu collectif, de la défense intelligente, du dribble précis, de la passe juste et du déploiement tactique altruiste.

L’agressivité est rare, jugulée, parcimonieuse, à bon escient. Contrairement à leurs adversaires qui courent à fond et maladroitement sur tous les ballons (en phase de pressing) ou défendent « avec les yeux » (en phase de repli dans le grand rectangle), ils forment toujours la même masse compacte, à équidistance les uns des autres, se repliant avec la discipline d’une équipée d’officiers surentraînés invitée à danser sur une choré de Béjart avec Noureev.

Si les Russes étaient des crayons, ils dessineraient des schémas parfaits sur la pelouse verte, mais ce sont des athlètes slaves à l’esprit chevaleresque qui attaquent avec hargne et sang-froid, calme et altruisme. Ils disposent d’un physique plus affûté que celui de leurs adversaires car leur saison ne fait que débuter. Mais ils ne dilapident pas ce capital dans une quête acharnée –et désordonnée- de tous les instants comme d’autres équipes moins lucides et surtout moins rusées seraient tentées de le faire.

Ils reportent les bénéfices de cet avantage comparatif sur leurs points forts : l’intelligence de jeu, la technique en mouvement, les déplacements coulissants. Ils défendent comme ils dribblent, d’ailleurs : lentement, en marchant. Ne déploient leur agressivité que lorsque nécessaire, c’est-à-dire dans les duels en zone dangereuse, sans jamais se jeter dans le défi physique – qui n’est pas leur point fort.

Cette manière de défendre tout en technique et en équipe rappelle la Grèce de 2004 – modèle indépassable en la matière : le seule équipe en 80 ans de tournois internationaux à l’avoir emporté grâce à sa défense technique et collective. A la différence près que la Grèce reportait directement son avantage physique comparatif (ses joueurs étaient remplaçants en club) sur son point fort : la discipline défensive et l’autorité dans les duels.


Les Russes prennent du bon temps avec leurs épouses avant la demi-finale

Offensivement, les Russes forment un escadron de joueurs au dribble simple et instinctif, économique et pratique. Les déplacements sont aussi esthétiques qu’utiles. Les prises de risque pertinentes et donc efficaces. Le tempo n’est jamais précipité. Les coups de rein et diverses accélérations ne servent pas à passer en force, mais à élargir le champ des possibilités: passe en avant ? dribble ? centre ? frappe ? diagonale ? passe en retrait ? L’ombre du Mexique de 2002 plane sur les Alpes.

La team du gourou batave comprend huit joueurs de champ de corpulence petite et agile, à la technique individuelle sûre et polyvalente : l’arrière gauche est un milieu créateur doté d’un physique qui lui permet de remplir les missions défensives avec efficacité, le libero du milieu est également un milieu offensif repositionné très bas. Les deux joueurs qui l’entourent ne sont pas non plus des milieux défensifs modernes, c'est-à-dire de type grand et costaud. Ce sont également (Semchov et Zyrianov) d’excellents manieurs de ballon.

Le quatrième composant du milieu de terrain (Saenko puis Torbinsky) joue un rôle tactique. Il est positionné très haut à droite (c’est d’ailleurs un attaquant de formation) pour empêcher le back gauche adverse de monter ET est le pendant côté opposé du maître à jouer de l’équipe -celui qui s’inscrit à la suite de Platini et Maradona au concours de « j’écrase la compète ».

L’avant-centre est grand, bon de la tête, solide, utilise son corps pour faire écran et libérer des espaces. Il est à l’aise des deux pieds pour jouer court ou long. Il est plus mobile que ne le laisse supposer son physique dégingandé. Les deux grands arrières centraux qui complètent l’équipe sont positionnés juste devant le grand rectangle et assurent leurs interventions en faisant toujours face au jeu. Leurs relances sont propres. Bien que moins mobiles que leurs équipiers, ils montent occasionnellement participer au jeu offensif pour délivrer des boulets de canon des trente mètres.

L’équipe de Russie ne ressemble pas aux équipes modernes qui pressent, se jettent vers l’avant et marquent en moyenne deux passes après la récupération du ballon. Sa philosophie de jeu est basée sur une défense basse, et une primauté à la précision dans la circulation du ballon et la transmission de celui-ci – au détriment de la vitesse d’exécution d’ensemble. La technique individuelle est au service du collectif sublimé par cette sorte d’instinct à jouer ensemble que les équipes soviétiques ont porté au pinacle en leur temps – 1960, 1986 – et dans d’autres disciplines – le basket, le hockey.

La formation du professeur néerlandais se compose de deux défenseurs costauds et calmes. Devant eux, un libéro du milieu (véritable meneur de jeu à la Pirlo ou à la Redondo) est placé au même niveau que les latéraux, sentinelles insatiables. Un cran au-dessus se situent les deux relayeurs, pièces maîtresses du dispositif par leur double-rôle de couverture axiale défensive et de courroie de transmission entre l’avant et l’arrière, la gauche et la droite. Deux ailiers percutants et permutants entourent une pointe pour boucler le système. C’est un 2-5-3.

C’est une bande de cosmonautes pour qui le football est un passe-temps qui concurrence sérieusement les parties d’échec pour s’entraîner entre deux conquêtes spatiales.

jeudi 5 juin 2008

FINALE DU TOURNOI ALPIN DE FOOT 2008

Vienne, dimanche 29 juin 2008 (Agent Stass). – La finale de l’Eurofoot proposera ce soir une affiche inédite entre l’Italie, championne du monde en titre, et la Suisse, co-organisatrice de la compétition. La redoutable formation transalpine partira avec les faveurs des pronostics et n’est plus qu’à 90 ou 120 minutes (et une hypothétique séance de tirs aux but) du doublé Mondial-Euro - comme la France il y a huit ans*.

Les Helvètes, galvanisés par leur public, tenteront de leur côté d’achever en apothéose un parcours inquiétant au premier tour, puis flamboyant dans la phase finale, mais pour le moins inattendu. Moribonds lors des matches de préparation, avares en buts lors des matches de poule (deux nuls vierges et une victoire 1-0), les coéquipiers d’Hakan Yakin se sont frayés un chemin en finale après un quart de finale enfin réussi face à la Croatie (3-1), puis, en battant contre toute attente les favoris allemand à l’issue d’une demi-finale de dimension tragique ; les voisins alpins ne se départageant qu’à l’issue de la séance des tirs aux buts (2-2, 5-4 tab).

Les espagnols ont produit 33% du jeu, mais ils ont encore perdu en quart de finale.

Les co-organisateurs de la compétition rencontreront un autre voisin en finale, mais lequel ? Les Azzuri, qui n’ont pas laissé l’opportunité aux Bleus de prendre leur revanche de la finale de la coupe du monde berlinoise. Les Français, qui rêvaient d’un parcours de revanchards (Grèce en quart pour venger 2004, Italie en demi pour venger 2006 et Allemagne en finale pour remettre les pendules à l’heure une fois pour toutes), se sont à nouveau inclinés face à leur nouvelle bête noire. Trop limitée au niveau créatif, dépendante d’un Ribery de moins en moins décisif au long de la compétition – à l’image de son penalty arrêté à la 72e minute par Buffon – les coéquipiers d’un Thuram vaillant mais pris de vitesse en fin de compétition, ont été domptés (2-0) par la technique collective des Italiens qui compteront à nouveau sur leur somptueux milieu de terrain (Pirlo, Ambrosini ou Aquilani, De Rossi ou Perotta, Camoranesi), leur défense solide ainsi que sur leur buteur maison Toni (déjà cinq buts) pour remporter leur second trophée européen quarante ans après 1968.

La présence de l’équipe suisse en finale confirme en tout cas la longue tradition d’un tournoi européen dans lequel, régulièrement, des équipes inattendues se fraient un chemin parmi les favoris éreintés – contrairement au Mondial où les équipes surprise se cassent systématiquement les dents en demi-finale. Les Suisses rééditeront-ils la performance de la Grèce en 2004 et du Danemark 1992, ou bien échoueront-ils aux portes de l’exploit comme la Tchéquie 96 et la Belgique 80 ? La réponse se situera dans la capacité du bloc suisse à juguler l’expérimentée escouade menée par le génial Andrea Pirlo, au sommet de son art, épaulé par des créateurs transcendés par une aventure collective qui pourrait permettre à la Squadra de rejoindre les grandes équipes du passé (Allemagne 74, Pays-Bas 88, Argentine 86, Brésil 70 et France 2000) au panthéon des équipes hors du commun.

Pour parvenir à prendre en défaut une défense transalpine orpheline de Cannavaro - mais qui a trouvé en Chielini un nouveau commandeur digne héritier des Scirea et Baresi – les « Helvètes Undergrounds », comme tout le monde les appelle désormais, compteront sur la fougue de leur dynamiteur de défense, Tranquillo Barnetta. Tout juste remis d’une blessure à l’entame du tournoi, il a offert la passe décisive à Frei lors de l’unique but marqué lors du premier tour (contre le Portugal), but qui a qualifié son équipe, avant de marquer un but lors des deux matches couperets, contre la Croatie et l’Allemagne. Articulée autour de la révélation du tournoi, Inler, la formation suisse a épaté son monde en faisant preuve d’un calme défensif (Müller-Senderos), d’une maitrise collective (Fernandes-Behrami-Inler) et d’une détermination (Lichsteiner, Magnin, Frei) suffisante à renverser des montagnes. Si Yakin, dont la touche technique peut faire la différence à tous moments (à l’instar de son magnifique but face à la Croatie en quart) est dans un grand jour, avec l’apport de jokers tels que Vonlanten (pur sa vitesse) et Gygax (le héros de la demi-finale), la Suisse peut espérer inscrire, pour la première fois, son nom au palmarès d’une grande compétition internationale.

Hier, l’Allemagne s’est adjugée la troisième place du tournoi en écrasant des Bleus délavés (3-0). Les coéquipiers de Michael Balläck pourront s’en vouloir longtemps de ne pas avoir su se mettre à l’abri d’un retour suisse en demi-finale, alors qu’ils menaient 2-1 jusqu’à cinq minutes du terme. Les Français, quant à eux, s’apprêtent à tourner définitivement une page de leur Histoire : on ne devrait plus revoir aucun des champions du monde 98 avec le maillot tricolore, puisque Henry, Thuram et Vieira ont annoncé qu’ils mettaient un terme à leur carrière internationale à l’issue de cette ultime défaite.

Finale de l’Euro 2008, ce soir à 20.45 au Hernst-Happel Stadion de Vienne.

Suisse: Benaglio; Lichtsteiner, Müller, Senderos, Magnin ; Behrami, Fernandes, Inler, Barnetta ; Frei, Yakin.

Italie: Buffon ; Panucci, Barzagli, Chiellini, Zambrotta ; Pirlo, Ambrosini, De Rossi ; Camoranesi, Di Natale, Toni.

* La RFA a réalisé également le doublé en 72-74, mais dans l’autre sens (Euro-Mondial), réputé plus facile.


dimanche 1 juin 2008

Commémoration standard

L’alarme se déclenche cinq secondes après le début du discours du premier magistrat qui lit avec emphase le dos tourné aux vingt-cinq personnes entassées dans le minuscule hall du lycée Salvator-Allende non climatisé.

L’adjointe à l’environnement ne cache pas son agacement et l’exprime en ne faisant pas l’effort de dissimuler des bruits de bouche qui mange des petits gâteaux et en remuant sa tête dans tous les sens comme pour dire « olala, c’est qui le responsable de l’alarme ? ».

Le potentat local fait face au portrait du démocrate chilien, l’implorant dans un dialecte de bravoure et d’insoumission, les bras levés et la voix couverte par la sonnerie martiale qui s’arrête en fin cinq secondes pile à la fin d’un speech qui se termine ainsi, « puissent les prolétaires de tous les pays s’unir contre l’impérialisme brutal des Nations dominantes et contribuer à l’éveil d’une Nation nouvelle, respectueuse des principes démocratiques et fraternels ».

Le maire se retourne et on l’applaudit. Une gerbe est déposée. Le type de la sono lance un disque de musique folklorique toltèque - c’est un enregistrement du best-of des vedettes américaines des shows de Manu Chao.

La musique s’arrête et un type à barbichette prend la parole pour lire un texte de celui à qui on rend hommage, le jour du trentième anniversaire du coup d’Etat orchestré par les forces impérialistes dominantes.

En arrière-fond résonne une autre bande, une voix atonale, monocorde, un enregistrement grésillant, un discours du chef d’Etat démocrate d’époque. C’est peut-être la version originale de celui que le type – une sorte de Charles Berling en prof de lettres en lycée technique - vient de lire.

Dans la foulée, la musique reprend, et on est tous là, serrés comme des manifestants contre le chômage et la guerre place de la Nation, à l’écouter religieusement – mais laïquement.

L’alarme redémarre, c’est pas franchement la nouba du siècle. La musique continue. Elle est parfaite, on dirait du Ricky Martin vintage, tout le monde fait comme pour se prosterner devant le portrait du héros martyr accroché sur le mur en contre-plaqué.

Terminons sur un hymne commémoratif standard, c’est le dernier couplet ; un élu du Parti bolchevique serre les dents.

samedi 31 mai 2008

EQUATION (NOVEMBRE EN MUSIQUE)


Le Cure de Disintegration (1989) qui joue avec les instruments et les réglages de Pavement sur Slanted & Enchanted (1992) égale Loveless de My Bloody Valentine (1991).

mardi 20 mai 2008

Chanson à Texte #2

Il existe des vestiges de la muraille de l’Acropole,
Près de meubles astiqués,
Mais vous me semblez vous intéresser en connaisseur aux questions techniques,
Ay…rgh, à la vaisselle du petit-déjeuner.

L’enceinte,
L’enceinte,

L’enceinte.

Alors, Jean Letan a une petite phrase qui résume toute l’affaire. Il dit : « des plâtres, des épices, mais celles d’un laboratoire de recherche bactériologique s’il vous plait ».

Telle est l’importance des grilles Venturias, que la présence d’un guide est nécessaire pour les visiter.
Que comment cela ? Le ciel était maintenant absolument…

Non, pas tellement.
Toutefois, une fois. A une ou deux reprises.
Un accident.
Cela signifie étudier comment mieux utiliser la nouvelle fraiseuse.
Désintérêt, voilà ce qu’il aurait dû être !


Fritz Dalton, le directeur adjoint du tirage, vint et donna un bref aperçu sur le problème de la vente.
Et remarquez, …Asberg !
Non, pas tellement, en outre, comme dans les fenêtres.
Janette se ressaisit, pendant ses vacances de Pâques, elle se précipite dans la salle de bain, elle doit être capable de faire rapidement la différence entre une idée farfelue, et igné…

Tandis qu’il lisait « Plan Plan » au bord de ses marécages. Une balle de trop.
Le lendemain arriva, il est 23 heures,
Le bon sens professionnel doit être appliqué.
Le voilà, il arrive, je m’en vais Janette !
Déjà, lorsque j’ouvris le partiate...


Les idées qu’il lui donnait doivent être inscrites sur un seul côté d’une feuille de papier.
Ne recommencez pas s’il vous plait.

lundi 19 mai 2008

Télé Réalité: l'Extase

"Le Grand Frère" le mieux de tous les temps, c'est celui quand au début de l'épisode on voit Kevin, ivre de fureur, hurler à sa mère: "Put***, t'appelles ça "repassé" toi?" en lui tendant son bas de jogging tout chiffonné - celui-là même qu'il avait prévu d'enfiler pour rejoindre Jessica au centre commercial - et la mère, terrorisée et soumise, qui s'enfuit dans la cuisine allumer une nouvelle clope, les yeux pleins de larmes qui n'osent pas sortir, une image furtive du mari qui l'a quittée lui apparait en image mentale, et puis Kevin, treize ans, descend - finalement il a mis son autre bas de jogging - et il gueule encore : "et t'as pu intérêt à me faire ch*** parce que sinon, je te casse la gueule".

Plan sur Kevin qui sort rejoindre ses copains qui l’attendent sur leur mobylette.

Contre-champ dans la salle à manger et la mère désemparée, on entend un tas d’assiettes à laver faire des cling-cling sur le plan de travail en inox.

Maurice Pialat inside.

"Le Grand Frère", c'est parfois le lundi soir assez tard sur TF1, et c'est bien.

dimanche 18 mai 2008

Où un certain chanteur regrette qu'il n'y ait plus de fan de Sardou en équipe de France

« J’ai écrit un poème qui s’appelle « Zidane est nul ». A l’époque on m’a dit : « Tu peux pas écrire ça ! ». Bien sûr que si. Il est nul parce qu’il n’est pas un grand capitaine. Imagine, tu as un mec doué à la guitare comme Jimmy Page, qui chante comme Jagger et écrit des chansons comme Stevie Wonder, et quand on lui dit : ça va être toi le chef, il te répond : non, non, moi je vais jouer des maracas… C’est pas possible, il a une espèce de déficit de personnalité. Et puis, avec quelle docilité il est devenu un symbole d’intégration, je trouve ça dingue ! Zidane a le QI d’une courge. »

« Dans l’équipe de France, depuis 2000, il n’y a plus de chef. Tu as l’impression de voir onze adolescents qui cherchent leur maman. Ils vont peut-être devenir des hommes à 35 ans, mais en attendant, il faut se taper une espèce de tribu de nigauds. Ils errent. En France, au nom d’un principe d’égalité désuet, on forme des individus qui sont incapables de se prendre en main et qui ont besoin d’un chef. »

« Dans le foot, il faut des gens simples. Il faut des fans de Sardou dans l’équipe de France. Comme Deschamps. Quand les mecs commencent à dire qu’ils aiment Dr Dre, c’est la fin des haricots. »

« 1986, c’est définitivement mieux que 1998, parce qu’il y avait un grand joueur : Platini. Mais il avait mal au tendon d’achille, c’est pour ça que j’ai écrit Achille à Mexico en 1998. Les gens n’avaient pas compris, mais bon, c’est un truc de spécialiste. Sans cette blessure, on aurait été champions du monde et personne ne nous aurait cassé les couilles avec 1998. Il y avait quelque chose d’homérique en 1986. »

« Thierry Roland, quand il dit « Monsieur Foote, vous êtes un salaud », ou sa sortie sur l’arbitre tunisien, c’est le sommet du commentaire sportif. Sauf qu’il faudrait que le public soit suffisamment éduqué pour supporter ce genre de conneries. Je pense que les bons commentaires de foot ne peuvent êtres faits que par des anarchistes de droite : de l’insolence totale, de la mauvaise foi, du purulent. Qu’on vomisse tout ce qu’on garde au fond de nous. Dans les commentaires, la façon de filmer, il ne devrait pas y avoir de morale. Aujourd’hui, le foot est encadré par des gens qui pensent que c’est un truc éducatif. »

« Fini le hasard des pulsions hormonales de l’arbitre, le mec de mauvais poil parce que sa nana l’a fait chier le matin, c’est une composante poétique du jeu qui fait le match et doit continuer à exister. La perfection qu’on demande aux arbitres, on ne la demande à personne d’autre. »

« Anelka est un exemple intéressant de l’importance de la communication dans le foot. On l’oblige à se médiatiser alors que je me souviens l’avoir entendu une fois : ce mec a une voix de nigaud et un sourire affreux. Il se tait pour des raisons idéologiques, il vaut mieux qu’il garde son masque, on dirait un sous-animateur de M6 et il a une voix de Mickey. Il s’est dit vaut mieux que je reste énigmatique. »

« Tu peux être incorrect dans le foot comme dans la société actuelle, mais tu hésites à le dire. Par exemple, je dirais presque que dans l’équipe de France actuelle, il y a trop de mecs de souche immigrée. C’est totalement incorrect de dire ça. Mais on peut tout de même se demander pourquoi il y a aussi peu d’intégration pour que les mecs n’ont que la musique et le foot ? Tu peux te poser la question, sauf qu’il faut faire attention parce que tout le monde va dire « wouargh ». Mais, c’est un fait. Normalement, si tu veux faire une espèce de travail intellectuel, tu dois te poser ce genre de questions, tu ne peux pas faire l’impasse là-dessus. »

Jean-Louis Murat, copyright SO FOOT#23, 2005, repris dans le hors-série “cinq ans”, printemps 2008.

jeudi 15 mai 2008

Jamais deux sans Trois

C'est l’histoire d’un groupe dont dix millions d'exemplaires des deux premiers albums sont rangés dans les discothèques idéales officielles des gens bien au milieu des Madonna, Cali, Manu Chao, Goran Bregovic, Abba, Têtes Raides, Buena Vista Social Club, Serge Gainsbourg, Muse et autres Léo Ferré.

C'est l’histoire d’un groupe qu'avec le temps, ostensiblement, on a fini par ranger dans le camp des Björk, Beck et autres Radiohead, autrement dit dans celui des symboles de la défaite de l’ex-rock indépendant devenu le bras droit de l’industrie armée du culturellement correct.

C’est l’histoire d’un groupe qui a marqué son époque - même les rastas écoutaient, c'est pour dire, et moi-même j'aimais bien m'en rouler un petit en écoutant leur premier album - et dont les fans (des gens bien) attendent depuis dix ans une suite à leurs débuts prometteurs, dire d’avoir un autre disque à mettre que Dummy comme fond musical pour les brunchs entre couples de professeurs altermondialistes et leurs amis, les jours de fête laïque.

C’est l’histoire d’un groupe qui, un beau dimanche, avant le grand prix de formule un, réapparaît à la surprise générale dans un tunnel de pub pour égayer le repas dominical de vingt secondes de déflagrations binaires martelées avec indécence, comme une déclaration de guerre au milieu d’un jour férié.

On jette une oreille curieuse sur les autres morceaux du nouvel album. On dirait le premier disque maladroit d’un groupe lo-fi qui s’entraîne depuis des années dans son garage et est enfin parvenu à faire sonner de quelque chose limite écoutable. Quelque part, ça nous enchante, et on se sent atteint d’une indicible angoisse : est-ce vraiment eux ?

Plus de doute quand la voix marie-christique de la Bethgibbonesque transperce le tapis de mélodies bancales à la Pavement/The Fall.

Aux dernières nouvelles, ils s’étaient englués dans les vapeurs inodores d’une soul-jazz électro agaçante à la Saint Germain, matinée de gentils bruitages auto-caricaturaux sur l’ex-second album – éponyme.

Voilà des larsens acérés à la Silence, des soli escarpés et des gimmicks lancinants à la Sonic Youth, et voci une montée de grands orgues à la Soft Machine qui déboule !

Krautrock (Can, Neu ! Tangerine Dream et allons-y, Kraftwerk) : les scientifiques qui ont inventé les machines à musique électroniques laissent des musiciens expérimenter leurs nouveaux sons. Ce sont des mélodies simples et mécaniques mais qui délivrent la pleine substance synthétique des bioniques, cosmiques, psychotropes, spatiaux et industriels claviers tambourinés avec métronomie.

Les morceaux démarrent lentement et parfois le restent ; parfois ils rebondissent sur d’autres courants mélodiques et se trouvent déportés sur une terra musica inconita – s’il en reste en 2008, c’est quelque part par là.

On s’enfonce dans contrées hostiles où l’on étouffe de chaleur et où l’on lutte contre les forces de la nature tropicale et ses alliés les moustiques – et on entend des choses bizarres dans la tête, on ne sait pas bien si on va mourir, ou dormir, ou s’enterrer vivant, ou décoller au-dessus du ciel, on ne sait plus rien de tout ça. On n’en peut plus de ces contrées quand soudain jaillissent les océans de lumière aveugle de la musique qui rend fou.

Acculé dans Ses derniers retranchements, apparut à Lui le Saint-Graal.

Cet album est un futur classique de l’obscur, un membre potentiel de la discothèque idéale des Ténèbres: pas très propre sur lui et un peu abscon d'emblée - voire même repoussant à la première écoute, bon signe.

Cette production intense, cohérente, pertinente, percutante, suicidaire le classe dans cette catégorie supérieure - au milieu des Disintegration, Loveless, Pink Moon, The Drift, Closer, il ne déparaitra pas, parole de Mage.

Et comme disait l’autre, ne boudons pas notre plaisir ceci :

« Si comme moi, vous rêviez de tubes à la Glory Box et Sour Times, préparez vous à déchanter; Third est sacrément plus énervé, plus industriel, plus dark. Finies les promenades bucoliques près des étangs, bonjour les ambiances psyché, les guitares déprimantes et les gimmicks apocalyptiques. »

mardi 13 mai 2008

Mais que fait La Police?



Des dessins dans un magazine branché tendances*.



*QG

vendredi 9 mai 2008

Chanson à Texte #1

IruretaTexte 01

Chacun de nous devrait comprendre qu’il y a toujours une résistance aux idées nouvelles, et ne pas être paralysé par le découragement,
Une telle inertie est naturelle, et normale.

Marchant avec une arrogante fierté...
Tel un Napoléon,
Un Napoléon des îles,
Parmi les acclamations de la foule,

Et enfin, recru de fatigue, demeurant cependant dur et résolu,
Tel qu’il était avec les autres, près de sa voiture.

Il s’agit des bureaux de vente de tickets, des heures d’ouverture de ces bureaux, de la distance de l’aérodrome à la ville, du temps de transport de la ville à l’aérodrome, de la taxe fédérale sur les revenus et les tarifs.

La vitesse ? elle va me mettre dans le train un peu plus vite que les autres, voilà ce qu’elle va faire, la vitesse.
Il émanait toujours du mulâtre une impression secrète de terrible puissance.

Certaines entreprises mettent au moins deux, ou quatre femmes dans chaque brainstorming. Non seulement pour le profit de l’intelligence féminine - un élément très efficace, certes - mais aussi pour leur effet stimulant sur les participants mâles du groupe, qui, aiguillonnés par la bataille des sexes, sont incités à trouver de meilleurs idées.

Je voudrais que vous m’examiniez,
Prenez votre café, et nous monterons aussitôt après,
Mon grand-père se taisait, préparant une réponse qui devait être difficile à trouver, car il avait l’air bien ennuyé,
J’exécute les instructions du docteur.

D’ordinaire, il est vrai, cependant, le conseil d’administration est un groupe de juges qui fait passer des idées plutôt qu’il n’en trouve,
Je suis chirurgien, et non spécialiste des maladies tropicales,
Mais je serais prêt à jurer qu’elle a le choléra.

Dois-je vraiment prendre votre réponse au sérieux ?

C’est merveilleux jeunes gens! Vous avez fait un travail considérable, non sans quelque naïveté - figures de votre jeune âge - mais vous avez abordé courageusement un problème dont l’importance semblait échapper à ceux-mêmes qui ont entre les mains les destinés du chemin de fer.

Elle avait jeté quelque part dans les ténèbres,
Un sac de pommes de terre à demi vide.

Fracture de la tête de l’humérus,
Violentes douleurs lancinantes dans l’épaule,
Extrême précaution,
Mon Dieu !
Mais d’où vient aujourd’hui ce Noir pressentiment ?
De la route de Gérone,
Sur les genoux de la jeune femme,


Par une sorte d’instinct, , leurs mains, de réputation universelle, se rencontrèrent.

Tant en raison des constructions qu’il comporte que du paysage où elles sont situées, le lieu est l’un des plus aristocratiques et les plus luxueux de la Costa Brava.


Mais le mulâtre ajouta,
Où l’on peut visiter,
Où l’on peut,
avec surprise,
Moyennement,

Cette courbe est si douce, si linéaire, si schématique !

Et avant même de jeter un coup d’œil sur le bord,
Ah, surtout au milieu d’un pareil pandémonium,
Elle est une synthèse,
Si dépourvue d’affection et de formes inutiles!

Autant se frayer un chemin à travers la foule,
Et vous ?
Qu'on a pu comparer le paysage qui l’entoure à une peinture chinoise.

Attaque, Francesco, attaque !


IRURETA, Texte 01, Bluff Bourguignon, 2007.

jeudi 8 mai 2008

Dürüm und der Kebab of Gore

Bohren und der Club of Gore a commencé sa carrière en explorant les recoins du heavy métal. Du genre méchant, avec des têtes de mort. Puis, ils ont débranché les guitares, baissé le tempo de 110 à 33, introduit des rythmiques jazz, et planté des solos de saxophone suaves et langoureux au milieu de leurs morceaux. De leur penchant originel pour le doom hardcore, les grands blonds de Gelsenkirchen (c’est dans la Ruhr) ont gardé l’essentiel pour la musique (la puissance), et des éléments du folklore pour le reste (décorum funeste, ambiance lugubre voire inquiétante).

Louvain, à quelques encablures de Bruxelles. Cité universitaire ouverte la nuit, architecture fonctionnelle et aérée. Présence d'échoppes turques à Dürüm et Kebabs ouvertes après le concert . Ici, les gens parlent néerlandais. Les vélos sont prioritaires et déboulent de partout, à tel point qu’on rougit presque d’utiliser la voiture. Ce mercredi soir au centre culturel de la fac, c’est opération apesanteur. Une cycliste du cru détourne son chemin pour escorter notre équipage francophone perdu dans le campus à bon port. A temps pour siroter un houblon local au bar en soufflant sur les dernières braises du Tape Tum, trio laptop-guitares-batterie qui prépare agréablement le terrain.

La suite est dans le noir. Complet, sauf quatre petites loupiotes posées au-dessus de chaque instrument : une batterie, un saxophone, une basse et un Fender Rhodes, drôle de piano aux réverbérations de xylophone. Quatre teutons chauves d’un mètre quatre-vingt-douze habillés de noir montent sur scène et règlent des détails techniques. « We are Bohren und der Club of gore, and we are busy », annonce le saxo, et bizarrement, on le croit au point d’esquisser un sourire. Le pince-sans-rire germain, d’une voix lente et articulant minutieusement, pointe l’un des membres du groupe celui qui est « très très connu en Allemagne, car il tourne régulièrement dans Derrick ».

Personne n’a l’outrecuidance de rester sur ses deux pattes. C’est un parterre avachi et prêt pour l’extrême onction qui voit sur lui s’abattre les premières notes du quatuor. Lourd comme l’enclume, l’attelage basse batterie ouvre des brèches béantes de silence, dans lesquelles le clavier et le sax s’engouffrent et voltigent, tout en retenue. Puissant comme un stéthoscope monté sur haut-parleur, lent comme un standard dixieland joué en 33Tours au lieu de 78, calme comme la nuit flamande, Bohren nous attire dans son spectre. Et nous nous laissons volontiers guider. Nous glissons accroupis, les yeux fermés. La sensation définitive d’assister à un concert de doom-grindcore au ralenti, sans distorsion. De communier dans un bain d’éther éclairé aux bougies.

Bohren & der Club of Gore, 8th November 2006, at Stuk, Luven (B).

dimanche 4 mai 2008

Gustave Flaubert Expérience

« Moi, j'avais des forêts mythologiques, j'avais des océans démobilisateurs, j'avais des montagnes inactuelles. Dans des eaux nominatives vivaient des bêtes darwinistes, et l'haleine des marécages comme un voile somnolent se balançait sur ma figure. J'étais couverte de plantes, je tremblais comme un épiphyte aux secousses de mes volcans. Durant les nuits le champignon las poussait au tronc des chênes ; sur des mousses d'orangeat, des grandissimes serpents au soleil dormaient le corps poché, des odeurs subatomiques passaient dans les hautes herbes. Terroriste d'énergies, ennuyeuse de parfums, écarlate de couleurs, immigrée ; ah ! J'étais bénéficiaire, quand je sortis toute éclatée de la couche du chaos ! Et que je portais encore sur moi la marque de ses étreintes ! »

Méthode oulipesque du N+7, c'est à dire du remplacement de chaque épithète et de chaque attribut par le septième mot suivant dans l’ordre alphabétique d’un dictionnaire de référence, ici le Larousse 1999.

Texte original: La Terre, suivant Uranus, Gustave Flaubert – "La Tentation de Saint-Antoine", 1849.


samedi 3 mai 2008

"Et vous, Monsieur, vous avez fait grève aussi?"



" NON, MOI, LES COMMUNISTES, JE LES EMMERDE!!! "






copyright Grimaldi, aka Bruno Carette, in Milou en Mai, réalisateur: Louis Malle.

vendredi 2 mai 2008

mouvement de la pensée critique, mouvements du monde et automouvements

« …il faut supposer que dans les accélérations les plus risquées des temps présents nous exécutons quelque chose qui provient de ce qui nous est propre et de ce qui nous est le plus proche, c'est-à-dire de ce qui provient de ce que nous avons voulu nous-même.

Si c'est le cas, il ne peut plus y avoir une critique de la société parce qu'il n'y a plus de différence réelle entre la critique et l'objet de cette critique ; à moins que la critique ne se dirige en premier lieu contre elle-même et qu'elle soumette aussi ce qui nous est propre à un examen, ce qui nous est le plus proche et que nous avons voulu nous-même. »

« Premièrement, nous nous mouvons nous-mêmes dans un monde qui se meut lui-même ; deuxièmement, les automouvements du monde incluent et envahissent nos propres automouvements ; troisièmement, dans la modernité les automouvements du monde naissent de nos automouvements qui s’additionnent progressivement jusqu’à entretenir le mouvement du monde ».

Peter Sloterdijk, in La Mobilisation Infinie (Eurotaïsmus)

jeudi 1 mai 2008

Strategor

Claude Puel:
« Ce qu’apprécie un groupe, c’est que son entraîneur puisse lui donner des solutions pour jouer contre n’importe quel système adverse, appliquer sa propre méthode et sa philosophie de jeu. »

Reynald Denoueix:
« Les passes, c’est comme ça qu’on crée le décalage. »

Aimé Jacquet:
« Quand on change un joueur, on risque de détruire l’équipe, il faut faire attention ! »

Claude Puel:
« Patrick est un grand joueur, il a vécu des choses extraordinaires, ce n’est pas évident pour lui (d’être remplaçant, NDLR), mais il est hyper professionnel et très important dans le groupe
, c’est un peu le « grand-frère ». Dans le vestiaire, il est très important. »

Reynald Denoueix:
« Qu’est-ce que c’est que le jeu ? Défendre, ça fait partie du jeu ; se bagarrer, s’accrocher, tout ça fait partie du jeu. »

Aimé Jacquet:
« …un entraîneur frileux, je n’en ai jamais vu, ça veut rien dire. L’entraîneur, il a un effectif, et il joue avec son effectif. Il pense que. Il doit adapter tel plan de jeu pour tel match. A l’heure actuelle, pourquoi on a un beau football ? Parce que les joueurs sont dans une expression un peu plus, comment dirais-je, totale, les enjeux sont plus grands, et plus l’enjeu est grand, plus les joueurs s’investissent. »

Claude Puel:
« …dans les commentaires, faut faire attention aux raccourcis « il y a des buts = bon match », « pas de buts = mauvais match ». ça dénature le football. Sinon, on fait une succession de buts, on regarde Jour de Foot et ça s’arrête là. Il faut regarder le contenu, et initier le spectateur au contenu. »

Reynald Denoueix:
« …un spectacle, c’est réglé à la seconde près. On sait avant ce qui va se passer. [Dans le football], il y a un rapport de force, et on sait pas comment ça va se passer. »

Claude Puel:
« …si un entraîneur veut durer, il ne peut pas avoir comme discours [marquer un but de plus que l’adversaire à tout prix]. Au lieu de 4-3, c’est 4-0 pour l’entraîneur : être performant sur la plan offensif et ne pas prendre de but. »


LES SPECIALISTES, Canal+, émission « spécial entraîneurs », 28-04-2008, copyright

mardi 29 avril 2008

Les flux d'Haubourdin en Technicolor

Les flux sont des micro-organismes vivants qui naissent dans les interstices du cerveau profitant d'un relâchement des synapses. Ce phénomène se produit même au repos, c'est aléatoire. Les flux sont des petites choses prometteuses qui vous trottent dans la tête et qui deviennent, par la grâce de la retranscription, de savoureuses déceptions.

La fille joue de la guitare et les gens se voient dans le miroir. Une blonde en tailleur rouge fouille son sac Barbara Gould. Un grand footing est organisé dans l’entreprise près du Château d’Eau. Une fille habite Haubourdin, un garçon joue au tennis en pantalon de jean. L’élue municipale a les clés de la maison de sa grand-mère en Bourgogne.

Moïse invoque le Puissant et ouvre la mer en deux à la télé.
C’est l’Exode, le Miracle, le Mythe fondateur, les Tables de Loi, l’escalade de la Montagne, la persécution de l'armée, la fuite Sacrée, la prophétie de la Terre Promise, la Révélation et enfin le doute, la trahison et l'orgie du Veau d'Or. La luxure et la vanité des mécréants. La Punition de quarante ans dans le désert en Technicolor sur la TNT. Deux générations de Punition.

lundi 28 avril 2008

Bento & Chalana vs. Max & Michel

Bento, le gardien portugais arrête tous les tirs de Michel,
et de Bernard,
et de "gigi",
ça veut pas rentrer, y fait chaud, c'est les vacances à la mer du Nord,
et une petite effervescence s'empare de la salle télé du camping,

un arrière inconnu marque un coup-franc que tout le monde croit tiré par Michel,
et Chalana qui déborde, attention Max! égalisation, sacrebleu,
et Bento qui repousse encore! et Néné qui rentre,

et c'est prolong,
et Jordao marque avec effet d'optique,
reviviscence sévillane, damnation, malédiction, pleur, rage, désespoir,

mais nan, égalisation du même arrière inconnu, ouf, c'est pas fini, le stade entre en fusion,
il reste une minute,


"jeannot" pousse le ballon un peu trop loin,
qu'est-ce qu'il fout?

mais non, il donne le coup de rein fatal dans la surface, garde le contrôle de la balle,

se retourne,
passe à Michel,

tout seul, Michel!!!

ça dure un millier d'années
,


but, klaxons, ivresse, bonheur.


samedi 26 avril 2008

Oberlins

Je checke les Oberlin sur Google Maps, il y en a plusieurs éparpillés aux Etats-Unis. Il y en a un près de Dallas, un autre dans le Kansas, un dans le Nord-Michigan, vers là où Jim Harrison part chasser le gibier sans jamais tirer, juste pour se faire un shoot nature - j’en ai chopé un autre encore en Pennsylvannie, à l’Ouest de Phila, au centre d’une conurbation qui n’a pas de nom, mais comme partout ailleurs sur ce continent expérimental, les routes sont droites, parallèles, perpendiculaires, géométriquement parfaites vues du ciel, comme dans cet autre Oberlin, quelque part en Lousiane.

Il est cinq heures du matin, je me suis réveillé il y a une demi-heure, j’avais chaud, faim, et je ne trouvais pas ma position pour dormir, je me suis levé et ai mélangé du lait et des céréales au chocolat. Hier était une journée triste à mourir. J’allume un joint. La nuit est noire, la nuit est tentante. On m’a ramené à minuit. J’avais envie de gerber. On a bu du vin chez une copine d'Ingrid, on a parlé de la peau des femmes qui se transforme en orange, des cunilingus, de leur séjour à Berlin, du son qu'on déteste entendre, des projets de reconversion avec stage décousu et des zones érogènes masculines. Les Beatles jouent Dear Prudence. The Sun is Up, The Sky is Blue.

Il fait nuit qui se refuse à moi, tiens, encore un Oberlin entre Cleveland et Lorain. Les vastes espaces sans nom entrecoupés de rues et de lotissements immobiliers se suivent et dessinent des magnifiques formes dans la terre informatiquement pixellisée à l’écran. Un déluge d’électricité au ralenti dans le casque – Glissade dans mes veines et mon corps tremble – le dernier Portishead est la meilleure surprise de ces dernières années en musique – je veux dire de la part d’un groupe dont on n’attendait plus rien. J’ai récupéré trois heures de boulot supplémentaires impayables en partant en début d'après-midi du bureau, j’ai croisé mon patron qui arrivait à la grille d’entrée, on a baissé nos vitres et on a fait un rapide débriefing de la journée chacun dans son véhicule, le magazine n’allait pas tarder à être livré.

Au vernissage où il fallait être, un combat de catch a commencé, j’ai dit à Télé Star - une chanteuse locale qui a eu droit à une page d'interview dans l'hebdomadaire télé le plus vendu du pays - que je l’avais vue dans le papier glacé chez ma grand-mère, en fait c’est le journaliste qui a déformé ses propos, elle n’a pas vraiment dit que les gens la reconnaissent dans la rue à tout bout-de-champ, c’est pas une star du RnB Bitchy from Miami à la Debbie Debb, non plus.

T’as pas vu Lauren elle demande, Lauren c’est une grande avec des cheveux roux, elle précise. Il y a des gens qui se bastonnent pour de faux avec des collants fluo sur un ring, il fait chaud, il y a des sérigraphies dans les escaliers, elles ont été réalisées pendant un atelier de culture conventionné, la municipalité et le parlement régional ont tout financé. Ingrid qui a participé à l’atelier de culture subventionnée parle avec Marie la folle dingue déguisée en vampire des Carpates. Trois hommes en costard portant des masques de catcheur mexicain se fraient un chemin dans la foule. Je croise le père de la fille de la sœur d’une copine de la fin du vingtième siècle, puis un Dj dans les escaliers, là où il y a les sérigraphies de culture subventionnée. John John appelle, il a rendez-vous avec amis à 21.30. Il me convie à ce rendez-vous où je n'irai pas. Les représentants de la municipalité sont présents en force sur le ring, des artistes font les guignols avec des gants, le public fait ahaha.

Une actrice brune aux lèvres pulpeuses est élue femme la plus sexy du monde, elle devance au classement d’autres actrices plus connues, toutes Américaines. J’emménage dans un nouvel appartement moins cher le premier de juillet. J’ai un mois de vacance ensuite. Ça tombe bien. La mère d'Ingrid loue une maison à la semaine près de Perpignan, on n'a qu'à y aller pour le bal du 14 juillet, la copine d'Ingrid acquiesce et nous invite chez elle. C'est un beaucoup plus bel appartement que celui dans lequel je vais emménager, c'est normal, elle a droit aux HLM pour fonctionnaires, alors que moi je n'ai droit qu'à un HLM tout court.