mercredi 1 octobre 2008

ORIFICE PRODIGE

Les Soviétiques ont posté leurs chars en lisière de forêt. Les Allemands étaient dans des trous. Les chars ont bombardé. Un obus a éclaté à douze mètres du lieutenant qui s’est retourné mais a pris la salade dans le dos. Sa joue droite a été disloquée. Ses dents ont valdingué. Des saletés pleines de cailloux ont fleuri des deux côtés de sa colonne vertébrale. Des orifices de chair bien nets avec des vaisseaux sanguins apparents ont germé. Ce fut comme un printemps spontané pour la blessure de guerre. Les omoplates du soldat étaient plein de pus. Ses copains sont arrivés en side-car pendant que l’un de ses camarades faisait diversion en feintant d’être un rouge pour suggérer aux chars d’arrêter de tirer sur les leurs. Ça a été un sacré coup de bluff.

La semaine d’après, des ronces de noyer ont commencé à pousser dans les interstices putréfiés du soldat blessé. Il alla se réfugier en Indonésie pour achever sa transformation végétale. Ainsi naquit l’homme-arbre qui dut écrire une lettre au gouvernement du pays pour argumenter son transfert dans une clinique de Virginie pour soigner ses vilaines protubérances. De la sève coulait dans ses veines. Une chaine de télévision scandinave expliqua qu’il s’agissait d’un phénomène très rare. La plante de ses pieds prenait racine dans le plancher de sa maison en bois. Il sentait le musc et avait dû arrêter de chasser le sanglier.


Un député suédois fit promulguer un alinéa important pour que cesse ce genre de dégénérescence. Là-bas, la nuit n’en finissait pas de ne pas arriver. Au Michigan, des randonneurs avaient fui dans un lac pour des raisons que de fins analystes se chargeront de juger similaires. On ne repêcha que leurs molaires. Cela provoqua une hantise bien compréhensible du côté de la population de ce coin rural. On mit des draps autour des chênes. Les figuiers poussaient délibérément fort autour de la méditerranée et des vieux pépés suaient sans arrêt même sans rien fabriquer de leurs journées. C’en devenait inquiétant. On trouva enfin la solution : des cendres de chipolatas carbonisées furent mises en orbite autour de la barrière de Saint-Gilles, et tout est rentré dans l’ordre.