mardi 30 septembre 2008

SEMINAIRE B

C’est comme se faire une entorse le premier jour d’après avoir entièrement récupéré d’une cheville cassée. Des nuages rouges reflètent dans le building d’à côté. Il sourit encore aujourd’hui. Je me retire en esquivant la fourbe attaque d’une colonne maligne. Il crochète le mille feuilles masqué. Je regrette le jeudi après-midi, sur la pelouse tondue ivre de soleil.

Nous allons à l’encontre des indications. Je conduis ma voiture sur des routes qui ne mènent nulle part dans des pays qui ne veulent rien dire. Je poursuis ma route jusqu’à ce que le jour se lève. Le jour se lève. Ça y est, il est là. Tu t’enfuis en gardant secret ta version du règlement. Je ne cours pas. Je suis là. Je ne bouge pas. Il faut revenir à moins de réalité et se sentir à nouveau inanimé par la volonté de détruire toute ambition dès les premières secondes de chaque apparition d’une réalité. Rien n’a jamais de véritable prise sur le cours des événements. Tes bras faibles ont depuis longtemps perdu le contrôle du vaisseau sans but. Tu erres comme deux pattes mécaniques télécommandées par une compagnie nationale de chemins électrifiés.

Je voudrais que les jours et les nuits défilent sans plus jamais s’arrêter, et contempler chaque instant comme s’il était le premier et le dernier. Nous procréons afin d’assurer la survie de l’espèce. Les loups déchirent l’aube de leurs hurlements en faveur de Sade. Sur la route de Gérone. Il est indispensable d’afficher une farouche envie de vaincre la gangrène du socialisme rampant chaque réunion de cadres dirigeants dans la salle de séminaire B.


Des vélos dévalent le boulevard en toute liberté sous les yeux de déséquilibrés éberlués forcés d’exagérer leur désappointement de circonstance pour convenir à l’image qu’ils se sont fabriqués d’eux-mêmes. Je vois mon corps sortir et hurler dans la bleu ciel matin, mais en réalité je ne sors que pour me recroqueviller et lutter contre la fraîcheur de l’aube tout en accompagnant mentalement les trajectoires dessinées du cinquième étage par quelques passants pressés. La lente érection d’un samedi gorgé de soleil s’opère sous nos yeux désespérément louches.