jeudi 5 juin 2008

FINALE DU TOURNOI ALPIN DE FOOT 2008

Vienne, dimanche 29 juin 2008 (Agent Stass). – La finale de l’Eurofoot proposera ce soir une affiche inédite entre l’Italie, championne du monde en titre, et la Suisse, co-organisatrice de la compétition. La redoutable formation transalpine partira avec les faveurs des pronostics et n’est plus qu’à 90 ou 120 minutes (et une hypothétique séance de tirs aux but) du doublé Mondial-Euro - comme la France il y a huit ans*.

Les Helvètes, galvanisés par leur public, tenteront de leur côté d’achever en apothéose un parcours inquiétant au premier tour, puis flamboyant dans la phase finale, mais pour le moins inattendu. Moribonds lors des matches de préparation, avares en buts lors des matches de poule (deux nuls vierges et une victoire 1-0), les coéquipiers d’Hakan Yakin se sont frayés un chemin en finale après un quart de finale enfin réussi face à la Croatie (3-1), puis, en battant contre toute attente les favoris allemand à l’issue d’une demi-finale de dimension tragique ; les voisins alpins ne se départageant qu’à l’issue de la séance des tirs aux buts (2-2, 5-4 tab).

Les espagnols ont produit 33% du jeu, mais ils ont encore perdu en quart de finale.

Les co-organisateurs de la compétition rencontreront un autre voisin en finale, mais lequel ? Les Azzuri, qui n’ont pas laissé l’opportunité aux Bleus de prendre leur revanche de la finale de la coupe du monde berlinoise. Les Français, qui rêvaient d’un parcours de revanchards (Grèce en quart pour venger 2004, Italie en demi pour venger 2006 et Allemagne en finale pour remettre les pendules à l’heure une fois pour toutes), se sont à nouveau inclinés face à leur nouvelle bête noire. Trop limitée au niveau créatif, dépendante d’un Ribery de moins en moins décisif au long de la compétition – à l’image de son penalty arrêté à la 72e minute par Buffon – les coéquipiers d’un Thuram vaillant mais pris de vitesse en fin de compétition, ont été domptés (2-0) par la technique collective des Italiens qui compteront à nouveau sur leur somptueux milieu de terrain (Pirlo, Ambrosini ou Aquilani, De Rossi ou Perotta, Camoranesi), leur défense solide ainsi que sur leur buteur maison Toni (déjà cinq buts) pour remporter leur second trophée européen quarante ans après 1968.

La présence de l’équipe suisse en finale confirme en tout cas la longue tradition d’un tournoi européen dans lequel, régulièrement, des équipes inattendues se fraient un chemin parmi les favoris éreintés – contrairement au Mondial où les équipes surprise se cassent systématiquement les dents en demi-finale. Les Suisses rééditeront-ils la performance de la Grèce en 2004 et du Danemark 1992, ou bien échoueront-ils aux portes de l’exploit comme la Tchéquie 96 et la Belgique 80 ? La réponse se situera dans la capacité du bloc suisse à juguler l’expérimentée escouade menée par le génial Andrea Pirlo, au sommet de son art, épaulé par des créateurs transcendés par une aventure collective qui pourrait permettre à la Squadra de rejoindre les grandes équipes du passé (Allemagne 74, Pays-Bas 88, Argentine 86, Brésil 70 et France 2000) au panthéon des équipes hors du commun.

Pour parvenir à prendre en défaut une défense transalpine orpheline de Cannavaro - mais qui a trouvé en Chielini un nouveau commandeur digne héritier des Scirea et Baresi – les « Helvètes Undergrounds », comme tout le monde les appelle désormais, compteront sur la fougue de leur dynamiteur de défense, Tranquillo Barnetta. Tout juste remis d’une blessure à l’entame du tournoi, il a offert la passe décisive à Frei lors de l’unique but marqué lors du premier tour (contre le Portugal), but qui a qualifié son équipe, avant de marquer un but lors des deux matches couperets, contre la Croatie et l’Allemagne. Articulée autour de la révélation du tournoi, Inler, la formation suisse a épaté son monde en faisant preuve d’un calme défensif (Müller-Senderos), d’une maitrise collective (Fernandes-Behrami-Inler) et d’une détermination (Lichsteiner, Magnin, Frei) suffisante à renverser des montagnes. Si Yakin, dont la touche technique peut faire la différence à tous moments (à l’instar de son magnifique but face à la Croatie en quart) est dans un grand jour, avec l’apport de jokers tels que Vonlanten (pur sa vitesse) et Gygax (le héros de la demi-finale), la Suisse peut espérer inscrire, pour la première fois, son nom au palmarès d’une grande compétition internationale.

Hier, l’Allemagne s’est adjugée la troisième place du tournoi en écrasant des Bleus délavés (3-0). Les coéquipiers de Michael Balläck pourront s’en vouloir longtemps de ne pas avoir su se mettre à l’abri d’un retour suisse en demi-finale, alors qu’ils menaient 2-1 jusqu’à cinq minutes du terme. Les Français, quant à eux, s’apprêtent à tourner définitivement une page de leur Histoire : on ne devrait plus revoir aucun des champions du monde 98 avec le maillot tricolore, puisque Henry, Thuram et Vieira ont annoncé qu’ils mettaient un terme à leur carrière internationale à l’issue de cette ultime défaite.

Finale de l’Euro 2008, ce soir à 20.45 au Hernst-Happel Stadion de Vienne.

Suisse: Benaglio; Lichtsteiner, Müller, Senderos, Magnin ; Behrami, Fernandes, Inler, Barnetta ; Frei, Yakin.

Italie: Buffon ; Panucci, Barzagli, Chiellini, Zambrotta ; Pirlo, Ambrosini, De Rossi ; Camoranesi, Di Natale, Toni.

* La RFA a réalisé également le doublé en 72-74, mais dans l’autre sens (Euro-Mondial), réputé plus facile.


Aucun commentaire: